Bonjour,
voici un petit reportage photo qui peut aider pour choisir la cote de resurfaçage de la culasse de son moteur "racing" en fonction du rapport volumétrique souhaité.
Il s'agit dans une première étape de connaitre la distance entre soupapes et pistons au calage de distribution choisi, de façon à ne pas trop raboter sous peine de collision désastreuse.
Puis dans une deuxième étape d'estimer le rapport volumétrique que l'on souhaite pour son moteur et décider de la cote de resurfacage.
Enfin dans une dernière étape, bien vérifier la planéité de la surface de la culasse (et du bloc) une fois resurfacée.
1ere étape : mesurer le jeu entre les soupapes et les pistons pour savoir de combien au max on peut descendre la culasse.tout d'abord mettre de la pâte à modeler (Play Doh va super bien, merci Papa Noël...) au dessus des pistons :
Les verte, rouge et jaune vont bien aussi !
Ensuite remonter le moteur avec des joints qui ont la même épaisseur que les joints définitifs (attention certains joints son exclusivement à montage unique, à ne pas utiliser pour cette "métrologie"). Penser à huiler les tulipes des soupapes pour qu'elles n'adhèrent pas à la pâte à modeler lorsqu'elles viendront l'imprimer lors des étapes suivantes :
Remontage culasse et distribution. Un seul cylindre suffit si on est confiant de l'identité des 4.... Perso, je conseille vivement de vérifier tous les cylindres, compte tenu du temps à consacrer aux autres étapes, et compte tenu de l'enjeu.
Puis tourner le vilebrequin doucement à la clé à douille, de façon à marquer la pâte à modeler par les levées des soupapes. Attention, trop de pâte à modeler peut bloquer, même si les bougies sont retirées. Ne pas forcer. C'est pourquoi je recommande de ne mettre de la pâte à modeler qu'en face des soupapes et de ne pas recouvrir toute la surface du piston. Ainsi il y plus de chance que l'éventuel excès de pâte à modeler puisse trouver une place lorsqu'elle est écrasée et chassée par les soupapes. Faire plusieurs fois 2 tours pour éviter qu'une soupape modifie l'empreinte laissée par l'autre.
Ensuite déculasser pour constater l'oeuvre :
couper la pâte à modeler en prenant garde de ne pas la déformer :
Retirer une des deux moitiés pour voir la place disponible entre soupapes et piston :
et mesurer :
Dans ce cas il y 3 mm entre la soupape d'admission à pleine levée et le piston.
Faire la mesure analogue au niveau de la soupape d'échappement et/ou des autres soupapes en cas de moteurs soupapes multiples.
Bien se rappeler que les soupapes d'admission et d'échappement ne lèvent pas au max de la même façon, ni en amplitude, ni en position relative au piston. De même, si on décide de changer le calage (changer le diagramme) , il faut refaire cette mesure pour s'assurer qu'au niveau calage il y ait encore assez de distance soupape - piston.
A ce stade on sait qu'on peut resurfacer 1,5 à 2mm cette culasse (ou abaisser le bloc ;-) de façon à laisser 1mm (1mm c'est vraiment le mini à laisser) entre les soupapes et le piston. Attention aux arbres "violents" il se peut que les soupapes "quittent" le contact avec l'AàC aux régimes élevés, c'est tout le savoir faire du préparateur que de savoir combien il faut laisser.
Bien se rappeler que ne pas laisser assez c'est prendre le risque d'un contact entre soupapes et piston, ce qui se traduit souvent par perdre la culasse, car en plus des soupapes tordues, des guides abîmées, il se peu que la culasse fende....
On passe à la deuxième étape : la mesure du rapport volumétrique. Ce sujet a déjà été abordé par Titane sur ce forum, je ferai rapide.
Le rapport volumétrique est le rapport entre volume résiduel lorsque le piston est au Point mort Haut (PMH) (Top Dead Center) et le volume total de la chambre lorsque le piston est en bas, au point mort bas (PMB) (Bottom Dead Center).
Prendre la culasse, équiper un dôme de ses soupapes étanches
avec au moins 1 ressort pour que ces dernières plaquent bien la culasse.
Mesurer le volume (gaz oil par exemple) qu'il faut injecter pour que le liquide vienne araser la plaque transparente (plexi par exemple), d'où l'intérêt (nécessité) de prendre une plaque transparente, pour voir si on n'a pas laissé une grosse bulle. Et c'est là qu'on se rend compte que l'établi n'est pas horizontal !...
:
Penser à bien étancher la plaque de plexi avec la culasse, à l'aide de graisse par exemple.
Ne pas hésiter à refaire plusieurs fois cette mesure qui semble simple, mais qui, dans la pratique ne se passe pas toujours comme imaginé....
A ce stade le volume de la chambre nue est connu. Prenons par exemple 36ml = 36 cm3
Il faut connaitre le volume du dôme du piston qui "rentre" dans cette chambre.
Pour ce faire, cette mesure se fait dans un cylindre. Placer le piston au PMH, donc son dôme dépasse du plan de joint cylindres - culasses. Mesurer la hauteur de ce dépassement, par exemple entre une plaque et le plan de joint du bloc cylindre avec des queues de foret. Il n'est pas besoin d'une grande précision. Par exemple nous obtenons 8 mm.
Descendre le piston dans sa chemise d'une hauteur supérieure à ces 8 mm. Par exemple 10 mm. Noter cette quantité.
Mesurer le volume résiduel entre le piston descendu de 10 mm et le plan de joint du bloc cylindre par la même méthode, plaque de plexi, graisse pour étancher et seringue + Gaz-oil.
Bien penser à faire un congé de graisse piston - chemise pour éviter que le gaz oil ne passe par les segments....
Noter le volume de ce volume résiduel. Par exemple 32 cm3 ou ml.
Cette mesure permet d'estimer le volume du dôme du piston par soustraction de ce volume mesuré moins le volume balayé par le piston lors de sa course de 10 mm.
Prenons l'exemple d'un moteur de 72 mm d'alésage. La section du cylindre est PI x R² = 3.14159 * (72 x 72 )/4 = 40,715 cm²
Le volume déplacé par une course de 10 mm vaut donc 1 cm * 40,715 cm² = 40,715 cm3 ou 40,715 ml
Le volume du dôme du piston vaut donc : 32 (mesure volume résiduel au dessus du piston) - 40,715 (volume du balayage du piston pour 10 mm de course) = -8,715 cm3 ou ml.
Le signe moins indique que ce volume est à retrancher du volume de la chambre de combustion nue mesurée ci-dessus.
A ce stade le volume résiduel de mon moteur lorsque le piston est au PMH est de 36 - 8,715 = 27,285 cm3.
3eme étape calcul du rapport volumétrique de mon moteur et calcul de la cote de resurfacage de la culasse (ou du bloc)rapport volumétrique = Volume total / volume résiduel chambre
Rapport volumétrique = 1 + Volume de balayage course complète du piston/Volume résiduel
Mon moteur fait 72 mm d'alésage et 66 mm de course. Volume de balayage du piston = 40,715 cm² (Surface de 72mm d'alésage) * 6,6 = 268,72 cm3 (moteur 4 cylindres 4 x 268,72= 1074 cm3 ce qui arrive quand on réalèse un Z1000 à 72mm d'alésage
)
Le rapport volumétrique est donc de
Rv = 1 + (268,72/27,285) = 1 + 9,85 = 10,85 ce qui est déjà une belle valeur.
A supposer que je veuille monter ce ratio à 11,5, alors il faudrait que le volume résiduel soit de 25,6 cm3 au lieu de 27,285 comme actuellement. Il s'agit de réduire le volume résiduel de 27,285 - 25,6 = 1,685 cm3
Compte tenu de la surface de l'alésage de 72mm (40,715cm²) Ce volume à gagner se gagne par un resurfacage de 0,4 mm. 0,4 x 40,715 = 1,685 cm3
L'étape numéro 1 qui nous avait permis de mesurer la distance entre soupape et piston de 3 mm nous indique que ce resurfacage est possible, et qu'il restera 2,6 mm entre les soupapes et le piston.
Donc c'est jouable ! Resurfaçons la culasse
A ce stade, je me permets d'attirer l'attention sur la faible valeur de 0,4 mm trouvée et de faire remarquer qu'au plus le rapport volumétrique est déjà élevé, au plus le resurfacage aura une cote faible. Attention donc aux cotes de 1,5 ou 2 mm, voire plus des fois .... sous peine de désillusions.
4eme étape : resurfacage de la culasse et contrôle de planéitéAprès le resurfacage de la culasse, il est bon d'en vérifier sa planéité. Du reste il est toujours utile de vérifier la planéité d'une culasse que l'on envisage de monter. Cette technique est très simple, peu onéreuse, et redoutable d'efficacité.
Pour ce faire j'utilise une vitre épaisse (8 à 10 mm), merci au généreux donateur qui se reconnaîtra
, couper cette vitre à la taille de la culasse :
Ensuite bleuir la culasse au bleu de traçage (en bombe dans toute bonne quincaillerie industrielle)
Puis plaquer la vitre et effectuer de lents va et vient. Lever la vitre et essuyer le bleu qui s'est déposé dessus. Bien évidemment ne pas essuyer la culasse. Recommencer. Après quelques étapes, le dessin de planéité apparaît avec les "creux" en bleu :
Roder si besoin
. En cas de "creux légers" qq 1/100 il est possible de roder le plan de joint avec un papier carrossier de haute qualité (fourniture carrossier pro) maintenu avec la plaque en verre, à l'eau ou à l'huile, très précautionneusement.
Vérifier si on améliore la planéité par cette méthode, car bien souvent, le mieux est l'ennemi du déjà pas mal !
et savoir s'arrêter à temps.....
J'espère que ce post encouragera ceux qui étaient indécis à se lancer.
Bien cordialement
Prenez bien soin de vous et de ceux à qui vous tenez.
Bruno